Tenir jusqu’à l’aube – Carole Fives

[Ce soir je sors]
Qui est cette mère indigne ?

Est-ce la première pensée qui devrait nous traverser l’esprit ? Les première lignes nous font rencontrer « la mère » qui profite d’une soirée dehors quand « son enfant » dort paisiblement sans personne pour le garder …
Le contexte est posé, l’écriture est glaciale mais me donne envie de continuer.

Intrigue
La mère et l’enfant, tout tourne autour de ce duo mère-fils. Elle – graphiste aux multiples références avant son accouchement – est désormais seule pour élever son enfant depuis la disparition volontaire du père. Lui – petit être dépendant – réclame sans cesse son père et s’accroche à toutes les jambes masculines qui passent avec un « Papa » désespéré.
La relation exclusive qui lie ces deux êtres devient désormais insupportable pour la mère qui trouve une seule issue à son malheur, sortir sans lui quand il dort.
Ce récit traite donc de la monoparentalité et de ses conséquences – négatives : la mise à l’écart, la solitude, la rupture sociale, les clivages … Cet extrait m’a particulièrement interpellée :

“Elle ne pouvait se permettre aucune erreur, aucun écart. L’enfant et elle devaient filer doux, afficher zéro défaut, ne laisser aucune prise à la société”.

Il ne s’agit pas que de pension alimentaire, mais de désarmement. Le seul allié qu’il reste à cette mère c’est google et ses mots-clés qui, peut-être, l’aideront à trouver une réponse : « LAISSER BÉBÉ SEUL + SORTIR » « SOLO + ARGENT » « MÈRE SOLO+ DISPARAÎTRE » … et quel allié !

Personnages
☆ La mère : jeune maman célibataire engluée dans sa monoparentalité. Incapable de payer son loyer car il n’existe personne pour garder son enfant. Free-lance avec peu de travail, le chien se mort la queue.
☆ L’enfant : môme de deux ans – il devient rapidement insupportable (pour le lecteur en tout cas)
Le ton de l’auteure impose un réel détachement par rapport aux personnages. Je ne me suis pas particulièrement attachée à eux, même si j’ai éprouvé beaucoup d’empathie pour « la mère ».

Rythme et facilité de lecture
C’est un livre qui se lit très vite, moins de 200 pages. On entre facilement dans l’intimité de nos protagonistes. L’auteure agrémente son récit d’extraits de forums, que je suppose très réalistes (je n’ai pas d’enfant) et qui donnent du corps à l’histoire et facilite l’empathie.
Carole Fives crée une analogie intéressante entre l’histoire de cette femme et La chèvre de Mr Seguin. Quand on tire trop sur la corde, vient le moment où elle cède.

… et c’est terminé
Je ne sais pas où l’auteure voulait nous mener et c’est là que réside ma déception. J’aurais aimé entrer encore un peu plus dans l’histoire et m’attendais à une fin moins abrupte. On comprend, qu’il y a forcément des conséquences, des risques à laisser un enfant seul. Mais encore ? Je crois que ça on le savait déjà.

Tout l’intérêt du livre réside dans l’écriture qui nous permet, parent ou non, de prendre énormément de recul par rapport à la situation, ça interpelle forcement et ça nous encourage à porter un autre regard. Elle permet surtout de mettre des mots sur cette récurrence.
C’est un beau roman sur la monoparentalité et ses galères mais pas seulement, il nous interroge sur nos limites à nous aussi.

Que feriez-vous, VOUS, à sa place ?

Le point de vue est bien sur très féminin/féministe, mais il n’est en rien extrême.

Le poids du regard des autres, la pression sociale, la pression hiérarchique … sont des choses que l’on oubli bien souvent quand dans nos vies « tout va bien », quand on entre bien dans les cases.
Bref, oui c’est un bon roman, le sujet et bien traité mais ne m’a pas complètement convaincue, car je n’ai pas bien saisi l’aboutissement.

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