Au château de l’ogre – Marie-France Bokassa

Avis – ★☆☆

Pourquoi ce livre ?
Depuis plusieurs années maintenant, selon le sujet, j’aime à écouter les histoires de Christophe Hondelatte sur Europe 1. A l’occasion de la sortie de ce livre, Marie-France Bokassa a fait l’objet de l’une d’entre elles. Et alors ?
C’est une histoire d’enfant peu commune. Ballotée entre la Centrafrique, la Côte d’Ivoire, la Suisse et la France, Marie-France n’est rien de moins que l’un des enfants de Jean-Bedel Bokassa (parmi une cinquantaine reconnue). Et elle raconte, elle couche sur le papier ses souvenirs.

Abandonnée rapidement par sa mère – dont elle ne se souvient pas -, elle grandit cependant au sein d’une grande fratrie, une dizaine d’enfants issues de mères différentes.

Jean-Bedel Bokassa est renversé deux ans après s’être auto-proclamé empereur, commence alors pour Marie-France et sa fratrie un exil. Du privilège de l’opulence et de la bonne éducation, arrivés à Hardricourt ils deviennent des enfants comme tout le monde. Ils alimentent les fantasmes des villageois, et apprennent à l’école que leur père serait … cannibale. Ils doivent voler pour se nourrir, emprunter pour s’habiller, ruser pour éviter punitions et privations.

Frondeuse seule Marie-France saura se rebeller pour échapper à la tyrannie et prendre en main son avenir. Une rencontre inattendue l’y aidera fortement.

Marie- France Bokassa raconte un père tyrannique, terrifiant et autoritaire, à l’image du dictateur qu’il a été, mais son récit est livré sans aucune agressivité, sans ton de reproche. Après l’enfance subit … Je trouve l’exercice assez exceptionnel.

C’est parfois raconté avec des mots d’enfants et fortement enveloppé par des sentiments sous-jacents, mais ce récit n’en est pas moins touchant. Détaché de tout aspect politique, Marie-France Bokassa tente ici d’apporter sa vérité, pour elle, pour se reconstruire mais aussi pour contrer le discours se son neveu Jean-Barthélémy Bokassa.

Un beau témoignage de femme, qui porte sur ses épaules un héritage difficile. Mais surtout une femme qui a toujours nourri l’espoir de retrouver sa mère et qui aujourd’hui est tout près de la rencontrer.

«J’étais une princesse et je vivais dans un château. Mon enfance, vue de loin, tenait du conte de fées. Et pourtant je ne fus pas heureuse. Car l’ogre était mon père.
Je suis née en Centrafrique en 1974, à l’hôpital de Bangui, la capitale. Mon père était le président de cette république et ma mère, une jeune fille de seulement quinze ans venue de l’île de Taïwan.
Mon père a eu deux enfants avec ma mère, et affirmait en avoir au total cinquante-six, nés de dix-sept femmes d’origines géographiques différentes : de Roumanie, du Vietnam, de Taïwan, de Côte d’Ivoire, du Cameroun, du Liban, de France et d’ailleurs. Ils les avaient rencontrées lors de voyages officiels.
J’ai fait mes premiers pas sur la belle terre rouge d’Afrique. Dix ans après sa prise du pouvoir en République centrafricaine, mon père a décidé de s’autoproclamer empereur. En 1977, il a organisé la cérémonie du sacre et, presque simultanément, a choisi de mettre sa progéniture à l’abri en Europe. Il a informé les mamans de la séparation imminente, afin de protéger les enfants d’éventuelles tentatives d’attentat.»

Marie-France Bokassa, fille de l’ex-empereur de Centrafrique, a grandi au château d’Hardricourt, dans les Yvelines, avec ses frères et sœurs soumis à une discipline militaire et laissés dans le plus grand dénuement. Elle raconte une enfance folle et sa fuite hors du château.

208 pages – Paru le 20/02/2019 – 18€50

  1. 1
    Pêche

    La qualité de l’analyse est appréciable. Le sujet et le contexte traités ici ne sont cependant pas des plus accessibles. Loin des contes de fées…

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