L’empereur à pied – Charif Majdalani

[Couronnement]
Dès les premières pages, on lit comme on écouterait ce récit. L’Empereur à pied descend de la montagne avec ses 3 fils, ils cherchent des terres à cultiver pour s’établir et commencer la légende. On rencontre ainsi Khanjar Jbeili et à ses coté on se retrouve au Liban, sur les terres de Jabal Safié. Dès les première pages on est transporté et on marche aux cotés de l’empereur.

[Hérésie]Intrigue et originalité
C’est l’histoire d’un serment, celui de l’Arbre-Sec. Kanjar Jbeili, surnommé l’empereur à pied, va imposer à sa descendance une filiation particulière : seuls les aînés pourront avoir des enfants et se marier. Les frères et sœurs qui pourraient naître seraient alors leurs dévoués. Un seul légitime en somme. Les aînés, les élus, au fil des générations feront tout pour perpétrer ce serment, et ce à n’importe quel prix. Quant aux autres, ils essayeront malgré tout de briser la malédiction. Evidemment un tel serment n’est pas sans conséquence. Rien de brutal dans ce récit, juste les destins devenus tragiques de ceux que la vie à desservie.

[Enchantement] Facilité de lecture
On voyage beaucoup dans ce récit, du Mexique à la Chine, de la France au Liban : on traverse ainsi 150 ans d’histoire. Celle-ci est riche de références historiques que je ne connaissais pas forcément et qui ont rendu ma lecture un peu difficile parfois.

L’histoire nous est réellement contée, on a l’impression que les Jbeili se succèdent devant nous et nous retracent leur légende. Comme un biographe qui recueillerait des informations, on écoute et on s’évade.
C’est un livre que l’on peut ouvrir, refermer et passer à autre chose pour y revenir plus tard. Ou alors l’inverse, ne plus le lâcher, prier pour que le soleil ne se couche jamais et que l’histoire ne s’arrête pas. J’étais dans le deuxième cas.

[Souverains]Personnages
Les personnages vont se succéder, nous racontant ainsi au fur et à mesure l’Histoire de leurs ancêtres, c’est ceux qui ont vu, ceux qui étaient là qui vont nous parler. Confronter au même destin, chacun d’entre eux sera pourtant très singulier.

☆ Khanjar Jbeili : le créateur de la légende, c’est un personnage extérieur à la descendance qui nous racontera l’arrivé du patriarche. On ne saura jamais qui ils sont vraiment, ni le conteur ni le « conté ». Khanjar quémandera un lopin de terre à son arrivée à Massiaf – on lui donnera le pire qui soit – et contre toute attente bâtira les fondations d’un futur empire. Pour en assurer la pérennité et éviter son fractionnement il imposera à sa descendance le serment que l’on connait désormais.

Mais le nom “Jbeili” … si le premier était une fille ? Et bien croyez-le ou non … les premières générations ne verront naître que des garçons.

☆ Chebab – 4ème génération : l’un des « maudits », il n’est pas le premier né mais se construira un destin formidable. Il prendra part à une quête à travers le désert, la steppe et les montagnes de la route de la Soie pour retrouver … un ataman des cosaques ! Avant et après lui, d’autres de ses oncles, cousins et neveux prendront eux aussi part à des quêtes admirables.

☆ Raëd – 6ème génération : le dirigeant actuelle des affaires de la famille Jbeili. C’est avec lui que l’on passe le plus de temps. Il a traversé le monde de part en part pour connaître l’histoire de ses ancêtres. Il a rencontré ceux qui les avaient côtoyé, connu ou vu mourir. Il démêle ainsi pour lui, pour nous le mythe de la réalité. Il nous dévoile aussi le secret terrible qu’a caché son propre père et qui a failli perdre les Jbeili.

Tous les personnages – et il y en a – sont fabuleux, dépeints avec un talent inouïs. Sans jamais nous perdre, l’auteur traverse les décennies avec une agilité incroyable. Chacun des personnages aura ainsi sa quête, et certain prendront le risque de tout perdre pour enfin parvenir à ce dont ils ont été privé.

[Succession] – … et c’est terminé
On referme le livre et on quitte Raëd, lucide sur ce que le destin réserve désormais à sa famille, il s’évertue encore à rêver. A rêver que l’empire, la source des Jbeili restera ce qu’elle est.
Alors serment briser ? Ou volonté de l’empereur respectée ?

Au-delà du coup de cœur, un enchantement. Ce livre narratif m’a touché sans que je ne sache vraiment comment. Je pourrais en parler des heures tellement il est riche, tellement la plume est subtile et sublime. L’auteur raconte les bâtisseurs Jbeili, la vie prospère, l’exil, la guerre, mais aussi les changements qui concernent le Liban avec un talent exceptionnel.

Je découvre cet auteur mais à coup sûr je lirais dès que possible d’autres des ses œuvres.

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