Tokyo vice – Jake Adelstein

[Gaijin]
Les premières pages nous entraînent … du concours de journalisme passé pas loin de l’échec – toujours tourner les feuilles lors d’un examen pour voir s’il ne reste pas quelques questions derrière … – aux premiers pas au Yomiuri Shinbun de Jake Adelstein, en passant par Mme Trantra, la tireuse de carte virtuelle et l’achat d’un costume d’enterrement pour son entretien d’embauche.
Et on se laisse prendre, par la complexité du milieu qu’il intègre ainsi que par l’humour parfois cinglant de l’auteur. C’est très bien retranscrit, abordable et bourré d’anecdotes.

Intrigue et originalité
Ce récit est certes un roman policier, mais c’est aussi et surtout une autobiographie et un documentaire sur les bas-fonds de la société japonaise.
L’auteur est le premier étranger embauché en tant que journaliste dans l’un des plus grands journaux japonais, ce qui lui vaudra d’ailleurs quelques difficultés à être pris au sérieux. Au fil des années (et donc du livre), le journaliste va se spécialiser dans les faits divers et nous entraîner avec lui dans sa découverte du côté sombre du Japon, menant ses enquêtes parfois à la limite de la légalité.
Ce côté sombre nippon est étroitement lié aux puissants yakuzas, eux-mêmes au cœur de ce récit, avec : le racket, la prostitution, le trafic d’être humain, les assassinats, le blanchiment d’argent … et les passe-droits. Rien ne manque et c’est souvent sordide.

Rythme et facilité de lecture
Et c’est aussi là toute la complexité de cette histoire, ce mélange et ces liens étroits entre la police, le journalisme et les yakuzas. Ça a été pour moi un document riche d’enseignements mais très difficile à lire. J’ai plusieurs fois interrompu ma lecture pour « digérer » l’ensemble des infos.

Personnage
☆ Jake Adelstein : investi et curieux, il s’approprie peu à peu les codes, les coutumes et les règles qui régissent cette société si particulière. Beaucoup de sacrifices et de temps pour la vérité.
Pour cette dernière il finira par se mettre à dos une partie des Yakuzas, l’un de leurs groupes les plus puissants, mettant sa vie en danger et celle de sa famille. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître il trouvera une protection grâce à la bienveillance … d’un ancien yakuza …

… et c’est terminé
Je ne connais pas le Japon mais j’ai forcement une idée de leur culture et de leurs mœurs … non totalement fausses j’imagine, mais un peu contrariées par cette lecture.

Les dernières pages terminées, c’est sous un angle particulier que se dessinent les dessous de cette société. Touchant, drôle, sordide et triste parfois, quand s’établissent des liens qui sont rompus, ce récit va bien au-delà des apparences et nous instruit.

Tokyo ViceMalgré le côté parfois « indigeste », dû à la multiplicité des organismes et à la complexité des liens qui existent entre eux, ce roman reste une très bonne lecture, pleine de détails, de surprises et de subtilités nippones. Mais ces derniers n’enlèvent rien, au contraire, à la sordidité de ces rouages que l’on connait peu.

La catégorie polar dans laquelle on classe ce livre me gêne un peu, parce que je ne m’attends pas à ce genre de récit quand on me parle de « roman policier ». Si vous vous attendez à un polar – classique – passez votre chemin.

Pour venir au bout de ce récit, je l’ai souvent entrecoupé. Et je n’ai qu’un regret, c’est de ne pas avoir annoté ma lecture. Aussi ai-je été déçue d’attendre la toute fin du roman pour voir enfin la confrontation avec les yakuzas.

Dans quelques temps je relirai certainement ce roman, pour tout saisir de sa complexité et de ses subtilités, parce qu’à n’en pas douter c’est un très bon livre.

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